Le monde est beau !

L’autre matin, tout en buvant mon infusion à la sauge et au citron (apaisante, relaxante et antioxydante ; ne me demandez pas ce que ça implique mais en tout cas, c’est pas synonyme de frais et dispo au réveil…), j’observais une mésange et un jeune merle se défier à coup d’ailes gonflées et de piu-piu bien sentis. Tout ça, pour une miette du dernier goûter de Mini CEO.

Et en regardant cette petite mésange fumasse, je me suis dit qu’elle était bien courageuse mais que bon, c’était un peu David contre Goliath ; sans fronde ni miracle, elle allait finir par se prendre une râclée, mais re-bon, moi, les volatiles…

Rien qu’à imaginer ces monstres à plumes me foncer dessus, j’ai eu comme un gros frisson et soudain, c’est le monde qui m’a paru hostile, froid, accablé, perduTout fout l’camp ma bonne dame !

C’est alors que Mini CEO dévala l’escalier d’un pas léger, s’installa à mes côtés et entreprit de régler son compte à son petit-déjeuner. Quelques bouchées plus tard, le voilà qui rompt le silence matinal en fredonnant Le monde est beau de Jill Barber (influence paternelle) :

J'aime, j'aime quand tu t'occupes de mon cœur
Quand on rit tant que l'on n'en n'oublie l'heure
J'espère qu'on aura toujours ce bonheur
Notre amour tendre comme une fleur
Le monde est beau
Le monde est beau
Le monde est beau
Grâce à toi…

(Spéciale dédicace à Charmant CEO💖😊)

Je l’ai regardé, il m’a regardé, je l’ai regardé, nous nous sommes regardés et… Bref. Désolée, cette chronique part en grossier plagiat…

—  Eh bien Mini CEO ! Tu m’as l’air de bonne humeur !

—  Bah oui, ça sert à rien d’être triste !

Diantre ! Mini CEO avait le Chocapic* philosophe !

Je me suis contentée de lui répondre qu’il avait une bien belle philosophie mais que selon moi, le monde serait plus beau s’il n’était peuplé que de bons gros chats qui passeraient leur temps à bouffer les piafs imprudents qui volent à leur portée.

Pardonnez la profondeur, mais il était un peu tôt pour causer nature humaine, Platon et sens de la vie.  

Il n’empêche, sa petite réflexion a occupé mon esprit une bonne partie de la matinée et, de fils en aiguille, me voilà embarquée dans une série de questions existentielles liées à cette mission a priori impossible qu’est l’éducation d’un esprit vif, sage et raisonnable sans sombrer dans le cynisme ou la mièvrerie. Voyez plutôt :

  • Comment lui apprendre le courage lorsque la lâcheté s’érige en qualité raisonnable, lorsque la prudence se confond avec le renoncement ?

  • Comment lui apprendre la patience lorsque la lenteur agace et que le temps est devenu une valeur chèrement monnayée ?  

  • Comment lui apprendre le doute lorsqu’un simple questionnement devient suspect, lorsque les croyances comptent autant  - sinon plus - que les faits scientifiques ?

  • Comment lui apprendre la tempérance lorsque « toujours plus » a remplacé  « juste assez », lorsque l’on confond lumière intérieure et projecteurs ?

  • Comment lui apprendre l’entraide lorsque l’autre est perçu comme un obstacle et non comme un allié, lorsqu’on chérit son pré carré avant de penser à l’intérêt général ?

  • Comment lui apprendre la gentillesse lorsque le mot semble lui-même ringard, synonyme de naïveté ou de faiblesse ?

  • Comment lui apprendre à rêver lorsque le quotidien veut bannir l’ennui, lorsque tout doit être utile, rentable, validé par un algorithme ?

  • Comment lui apprendre à ne jamais se résigner lorsque l’on encense les brailleurs agités en oubliant ceux qui murmurent ?

  • Comment lui apprendre l’humour lorsque le recul et la dérision ont cédé leur place l’indignation systémique et au « Respect » injonctif ?

  • Comment lui apprendre la tolérance lorsque l’on confond convictions et condamnation, lorsque l’intolérance s’érige en nouvelle boussole morale ?

  • Comment lui apprendre la paix lorsque les armes factices inondent les rayons des magasins de jouets, lorsque la guerre est partout, invisible mais pourtant bien réelle ?

Mais bon ! Le monde est beau, grâce à toi ! qu’il m’a chanté. Allez ! Je prends !

*Of course not ! N’appelez pas les services sociaux : son petit déjeuner est tout ce qu’il y a de plus équilibré et confectionné de mes douces mains.  

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